Archive : janvier 2004

Silencio LXXXVI

Écrire, chez Karl

Écrire et puis…

un mot. silence.


Silencio LXXXV

Proverbe japonais, chez Karl :

Les mots que l'on ne pronnonce pas,
sont les fleurs du silence.


Silencio LXXXIV

Dans le Magazine littéraire #338 de décembre 1995 consacré à Paul Auster, il y a une pièce de 1976 inédite en français (parue depuis chez Acte Sud avec deux autres pièces en un acte de la même époque) : Black-Outs. Intéressante pour son ambiance beckettienne & car elle est la source, la première ébauche, de Revenants, second tome de la Trilogie New-Yorkaise

Noir
Vert. (Pas de réponse. Plus fort.) Vert !
Vert
Oui ?
Noir
Les crayons !
Vert
(Hochant la tête en signe d'assentiment.) Les crayons. (Il reprend sa tâche.)
Noir
Trop de bruit. (Pas de réaction. Il attend un instant.) Trop de bruit !
Vert
(Il s'arrête.) Pardon ?
Noir
Les crayons font trop de bruit.
Vert
(Il s'immobilise. Réfléchit. Essaie de tailler les crayons à différentes vitesses. S'arrête.) Rien à faire. Ça tient à la nature… de cette machine. Les rouages… (Bref silence.) …mordent.
Noir
Laissez tombez.
Vert
Mais je ne suis pas prêt. Il n'y en a pas assez.
Noir
(Fermement.) Vous êtes prêt.
Vert
(Un silence. Mortifié.) Comme vous voudrez. (Il prend les crayons taillés et les range bien en ordre sur son bureau. Il s'assied.)
Noir
Vous êtes prêt ?
Vert
(Comme s'il cherchait à se souvenir.) Je prends note. Tout ce qui est dit est écrit. Même le silence doit être noté… (Il tâtonne.)
Noir
Le silence.
Vert
…Le silence. Ne parler que sur demande. Je suis tout oreilles, sans bouche… rien d'autre… juste la main qui écrit les mots.

PS : Problème à l'écriture de ce post : comment baliser correctement le texte d'une pièce de théâtre ? Je suis preneur d'avis argumenté pour avoir un code sémantiquement correct, et qui présente bien… Utilisation de dl/dt/dd selon la spec, bien que "definition list" soit un mauvais terme


Pelote de liens


Un mot pour le dire - phanère

Phanère. Substantif masculin. Toute formation épidermique apparente : ongles, poils, plumes…


MetaFilter: goatse.cx suspended [via joshz]


Un mot pour le dire - aphérèse

Aphérèse. Substantif féminin. Suppression d'un (groupe de) phonème(s) à l'initiale d'un mot, par exemple : weblog -> blog. (en passant, David Madore gardait trace de cette aphérèse en utilisant la graphie 'blog mais il a décidé d'abandonner l'apostrophe.) D'autre part, ce terme désigne en chirurgie l'ablation d'une partie quelconque du corps et en musique la suppression des notes initiales d'une phrase mélodique. Apocope et syncope concernent respectivement la chute de phonème(s) en fin et milieu de mot. Je vous accorde que, à moins que l'aphérèse ne porte sur le nez de Cléopâtre ou celui de Meujor, ce n'est pas ça qui va changer la face du monde…


Quand ma pile de livres sur la table de chevet s'écroule sur mon lit, c'est le signal que je ne lis pas assez et/ou pas assez vite. Non, ce n'est pas le signal que j'en achète trop. En même temps, je n'ai pas choisi l'empilement de plus forte entropie, ça doit être mon côté aventureux… En cours, Pensées secrètes de David Lodge, cBien.


Un mot pour le dire - ecmnésie

Ecmnésie. Substantif féminin. Reviviscence très intense et souvent de brève durée de souvenirs anciens paraissant abolis. Pseudomnésie. Substantif féminin. Maladie de la mémoire consistant à "reconnaître" (et à projeter dans le passé) ce qui n'a pas fait antérieurement l'objet d'une perception véritable. (définitions TLFi)


Re: Évolution artistique

l'histoire d'un groupe (ou d'un chanteur, voir d'un star académicien) fini presque toujours par diviser le public en deux catégories. D'un coté, ceux qui ont apprécié le groupe (ou le chanteur, etc.) à ses débuts et qui clament que c'était mieux avant, qu'il y avait une âme, et que bordel, c'était beau à en pleurer. De l'autre, ceux qui sont arrivés sur le tard et qui trouvent que les premiers albums étaient vachement moins travaillés avant et qu'il faut avouer qu'à coté de la production actuelle, c'est du pipi de caniche frelaté - BeRewt

Je ne prends en considération que les groupes que je suis seul à écouter, et qui de toute façon n'ont fait qu'un unique album, édité à seulement quarante-deux exemplaires il y a dix ans (genre Sweet Pea). Le problème s'en trouve fortement amoindri.

Sinon, je dois avouer que les Melt Banana récoltent de nouveaux fans (euh… de nouveaux auditeurs, faut pas pousser) avec leur dernier album Cellscape, qui est plus écoutable (les morceaux dépassant la durée de quarante-deux secondes, ce qui surprends l'habitué), mais ce n'est pas non plus un problème car c'est un bon album, qui renouvelle sans démériter, et à la longue, les nouveaux venus finiront par apprécier même les anciens. Sinon je leur ferai boire du pipi de caniche frelaté jusqu'à ce qu'ils admettent avoir tort. Et le tort ute (semi-private bad-joke, * iok -> []).

Il y a aussi les Butthole Surfers, qui sont toujours différents en restant toujours eux-même. Il y a Neurosis dont les premiers albums ne sont pas mieux ou moins bien: c'est juste qu'il y a le Neurosis-Punk du début et le Neurosis tel qu'on le connait, pas de jactance à faire sur une hypothétique comparaison. Bon, depuis Times of Grace, je ne vois pas vraiment d'évolution, mais la qualité reste là. Il y a Pig Face qui change systématiquement de formation et de style, rendant caduc toute volonté de mesure de l'évolution. Il y a Masonna, ça me ferait rire d'avoir qq'un qui m'explique en quoi son bruitisme d'avant était vachement moins travaillé que son bruitisme de maintenant. Bon, il y a aussi Pitchshifter qui est passé de l'indus bien lourd d'Industrial à la pop racoleuse du dernier dont je ne sais plus le nom, et je clâme que c'était mieux âvant. De toute façon, la plupart de mes groupes sont morts et enterrés, c'était mieux âvant. *snif*

Alors pour ce qui est de l'évolution de Metallica, je vais dire que je passe mon tour ;)


Pelote de liens

  • Astronef, site web de SF qui est loin d'être la référence la plus à jour ou la plus pertinente qu'on puisse trouver sur le net, mais qui a la touche Mad Movies donc quelques côtés sympa - notamment un dossier sur les Scream Queens, un sur Santo… Et puis, qq'un qui classe Hardware parmi les 10 meilleurs films de 1990 a de facto ma sympathie ;-)
  • dans le même créneau, The Makeup Gallery est un chouette site de maquillages spéciaux…
  • teasing: Samlog : je suis esclave de plusieurs projets plus ou moins secrets […] les responsables de tous mes malheurs sont messieurs Nitot et Meunier.
  • util: Favicon.cgi, crée une icone (format .ico) à partir d'une image de votre disque dur (ne marche pas à partir d'une URL a priori)
  • À propos de LEN, Flaoua a trouvé un excellent titre pour son article (14 janvier 2004) : Qui custodiet ipsos custodes ?
  • 404BNF: Mère Denis, le retour aux affaires

Silencio LXXXIII

Chez Uther, le 5 janvier 2004 [via Mouche de nouveau]

Laisse le temps du repos à tes pensées. Le temps d'une discussion au calme, un dialogue intérieur au coin du feu. Une respiration ici, c'est des mots et des silences. Pendant mes silences je ne dors pas, je rêve.

et aussi le 13 janvier :

Avoir toujours quelque chose à dire.
Raconter des trucs.
Débattre.
Penser, penser, réfléchir.
Lutter deux heures pour écrire deux lignes qu'on finira par effacer.


Dellamorte Dellamore

image: couverture réalisée par Mike Mignola pour la bande-dessinée 'Dylan Dog'
Dellamorte Dellamore, un de mes films-culte, détaillé chez Mad Movies


Spreading the meme

Si l'exemple d'un google bombing peut servir pour réajuster la LEN, ce serait une rhétorique plutôt fnu :

Monsieur Jean Dionis du Séjour serait-il un député liberticide prêt à confier nos libertés en gage à des intérêts privés grâce à une confiance aveugle dans la technologie ?

edit: chez mouche, du rab' de liens LEN


Un mot pour le dire - Commensalité

Commensal, -ale, -aux. Substantif. Compagnon de table. Être commensal d'une maison : y manger habituellement.


Pelote de liens


Takeshi Beatnick

BeatNick : enregistrez votre nickname (pseudonyme) et l'explication de votre choix, pour éviter de la répéter n fois ou pour revendiquer le nick. Une bonne idée & implémentation de Trem_r. Attention, les inscriptions sont gérées en FIFO (premier arrivé, premier servi) alors, même si le vol de nick ne sera pas aussi simple, exposer rapidement votre identité-bis et si possible votre VraiNom…

edit: IokanaaN, nick validé :)


Silencio LXXXII

Chez Fabienne Franseuil, merci à Mouche pour le lien :

Je suis toujours dans cet état d'esprit silencieux. C'est comme si j'étais dans l'expectative de quelque chose. L'idée doit être que les éléments d'un changement se mettent en place, silencieusement, et qu'au bout de cette attente, avec à peine quelques mouvements mesurés, mes problèmes s'évaporent. Je me suis coulée dans un rôle d'observatrice, de ma vie, de ce qui m'entoure. Ca se voit dans la parcimonie de mes posts, ça se voit jusque dans ma vêture : j'ai quitté mes talons qui résonnent pour une paire de basquets muettes. Ca me donne davantage de place pour réfléchir, pour écouter ce que l'extérieur a à me dire. […]


De retour dans les Vosges. Reposterai tantôt.


Calendrier #echoes :)


John Sayles

Cette nuit deux films de John Sayles, dont Roan Inish que j'avais déjà vu auparavant.

The secret of Roan Inish est un conte d'Irlande. La jeune Fiona part vivre chez ses grand-parents, dans un petit village près de la mer, et surtout près de l'île de Roan Inish sur laquelle la famille au complet habitait jadis. Par fragments, elle apprends la légende qui entoure l'île et sa famille : son ancêtre qui était une selkie (du folklore, un phoque mué en femme - voir par ex. le site des îles orkney) ou son plus jeune frère perdu en mer qui serait peut-être encore là à voguer dans son berceau… Le film est tout enfantin & gentillet, et, dans son cas, se sont des qualités car il peut se voir à tout âge sans qu'il semble niais : il a plutôt la saveur d'un conte, le ton d'une histoire racontée au coin du feu alors que l'orage s'abat au dehors…

Lone Star est pour lui du genre enquête policière. Au Texas, à la découverte d'un squelette vieux de plusieurs dizaines d'années, le shériff Sam Deeds doit investiguer sur les shériffs l'ayant précédé, dont son père Buffy Deeds. Dès le premier récit, portant Buffy en figure mythique incorruptible contre le shériff corrompu, on se doute bien que sous le vernis, des révélations sont à découvrir… Sam remonte des pistes du passé, et dans le même temps, d'autres histoires passé/présent, parent/enfant ou nord/sud se jouent. Les personnages du film prennent au fur et à mesure des contours mieux définis, pour se placer dans le puzzle final. Une bonne intrigue, donc, qui m'a juste semblé perdre un peu de son souffle à un moment, mais rien de génant. Bien réalisé, par exemple avec les flashbacks inclus dans la continuité des scènes qui rendent la narration très fluide et maîtrisée. Dans le même genre de drame criminel, quête d'une vérité pas si tranchée sur de bons/mauvais flics, ça fait penser à L.A. Confidential, sorti l'année suivant Lone Star et qui est encore meilleur.


Demain : MousseNancy/2004-01-09


Fast Film



Le court métrage Fast Film est plutôt impressionant : un collage/montage de séquences de films, qui pendant un quart d'heure n'arrête pas de changer de forme… Le début et la fin utilisent le baiser de Humphrey Boggart & Lauren Bacall dans The Big Sleep, mais entre temps, il se passe un kidnapping, des poursuites en train, en avion, à cheval, il y a des monstres et des héros, il y a de la pellicule froissée, déchirée, malmenée, mais malmenée par un pur amoureux du cinéma - et accessoirement, Virgil Widrich est aussi un balèze en montage et retouche. Le plaisir est encore accru quand on arrive à reconnaître les séquences utilisées, les personnages qui se succèdent…

edit : oubli de ma part, le lien vers widtrichfilm.com/fastfilm, où on peut commander le dvd avec quatre courts du réalisateur…


Pelote de liens


L'autre truc atroce, enfin chez moi toujours, c'est celui où tu t'ennuies. Encore pire l'ennui culpabilisateur, quand tu sais que t'as plein de trucs à faire mais bon non, il vaut mieux glander alors tu cliques et recliques cent fois sur le même bookmark, mais bon ceux qui s'en occupent c'est pas des cons, ils font tout ce qu'ils doivent faire eux, alors non ils ne rafraîchissent pas leur blog/page/site toutes les trente secondes. - A.L.


Powell & Pressburger

En 1947, Michael Powell & Emeric Pressburger signent et réalisent l'adaptation d'un roman pour le drame Black Narcissus. Un an plus tôt, ils écrivaient et réalisaient une comédie, A matter of life and death. Deux bons films dans des genres très différents.

Black Narcissus : Sur ordre de la mère supérieure, cinq religieuses quittent leur couvent de Calcutta pour l'Himalaya, où un endroit est mis à leur disposition pour créer une école et un dispensaire, là même où auparavant des moines avaient échoués. La soeur supérieur de cette mission est jeune, et elle devra faire face au vent continuel, au peuple enraciné, à Mr Dean, son contact sur place très pragmatique, aux doutes des soeurs qui l'accompagnent et à ses propres démons. Le pays est une épreuve, et le vernis craque jusqu'à la folie d'une des soeurs… Visuellement très réussi, le film s'achemine posément vers son dénouement dramatique, dans lequel se trouvent les meilleurs scènes (le film vaut la peine ne serait-ce que pour quelques plans de soeur Rose). Les montagnes immuables et les vents incessants restent inchangés là où les étrangers repartent transformés ; simple et sans surprises mais bon et digne d'intérêt.

A matter of life and death : en 1945, le pilote anglais Peter Carter reste seul à bord de son avion en flamme, au milieu du fog anglais, l'équipage ayant sauté sous ses ordres. Sans parachute, il fait un dernier dialogue radio avec une américaine, lui expliquant qu'il va sauter et qu'il n'a pas de parachute, préférant cela aux flammes. Étrangement, il se réveille sur la plage, sur terre, en vie, et retrouve l'américaine, avec qui le coup de foudre présagé durant leur dialogue se produit… Seulement voilà, les instances divines s'aperçoivent qu'elles ont fait - une fois n'est pas coutume - une erreur, et qu'il aurait bien du mourir. L'émissaire du paradis (un français décapité) tombe sur un os : Peter ne veut pas le suivre, et estime que puisqu'il est tombé amoureux depuis sa non-mort, il ne doit pas être floué. Il va donc falloir un tribunal divin pour juger de la question. Que tout se passe dans sa tête félée lors de la chute ou bien qu'il comparaisse vraiment au paradis, le fait est qu'il doit gagner son procés : prouver que leur amour qui a sourdu* (* oui, si je veux utiliser le verbe sourdre, je l'utilise, m'embêtez pas.) en moins d'une journée est un Vrai Amour qui justifie sa survie. Et accessoirement que les relations américano-britannique ne sont pas une clause rédibitoire (oui, celui de chargé de l'accusation a gardé une dent éternelle contre les anglais, et voit d'un très mauvais oeil cette liaison).

On a là une romance complétement réussie, subtile & grandiloquente à la fois, qui prends son ton dés la scène d'ouverture, un zoom depuis l'univers, avec une voix off, pour nous amener à bord de l'avion en perdition… Le film ne laisse jamais le temps de s'ennuyer, entre le paradis bureaucratique et le très anglais David Niven, entre l'émissaire français à l'accent à couper au couteau et le délire d'accuser l'Angleterre entière pour accuser le pilote (si cela est bien vrai, le film est une commande du ministère de la défense dans l'optique de montrer que les US/UK devaient se serrer les coudes - ce qui aurait pu sombrer dans la propagande mais contribue parfaitement à la comédie).

On peut rapprocher A matter of life and death de Heaven can wait (je parle de celui de Warren Beatty, je n'ai pas encore vu celui de même nom d'Ernst Lubitsch), mais la comparaison ne tiens pas longtemps (pour moi en tout cas), car l'histoire du Quaterback qui n'aurait pas du mourir et qui se retrouve à choisir un corps d'emprunt pour continuer à vivre semble fade (bien que ce soit un film très correct) devant l'autre, plus emporté, plus marquant…


Excipit

Un blog collaboratif nouveau né pour 2004 : Excipit, chez Nacara, dont les billets sont constitués - comme son nom l'indique, bien que je préfère utiliser le mot explicit - des derniers mots, dernières phrases, de livres lus. Je me demande en passant s'il y a beaucoup d'explicit-spoiler (je pense par exemple à Un oiseau blanc dans le blizzard de Laura Kasischke). Et voilà trois explicits ayant quelque chose en commun, outre leur auteur Jean-Paul Dubois :

Le moment venu, je traverserai cette frontière terrifiante.
C'est dans l'ordre du monde.
Ma vie est finie, je pense à autre chose.

Je pense à autre chose

En parlant à l'étoile j'ai dit à voix basse : « Je ne vaut pas grand chose, je ne crois en rien,et, pourtant, tous les matins, je me lève »

Tous les matins je me lève

En attendant, je marche sur la plage. Je ne saurais dire pourquoi, mais, durant ces promenades, j'ai la sensation que les poissons me regardent.

Les poissons me regardent


Vu aussi, entre autres, The station agent, et comme Cacochyme a posté une opinion qui me convient, je pointe.

edit : vu aussi d'ailleurs, Thirteen dont le même Cacochyme explique les points faibles - pour moi, ça s'arrête là, film facile, et je ne lui mettrait pas 3/5, même si ce n'est pas vraiment nul.


Neil Jordan

Vu La compagnie des loups de l'irlandais Neil Jordan (réalisateur par exemple de Entretien avec un vampire). Un film de loups-garous plutôt série B, mais pas axé sur le thriller ou l'horreur. L'idée ici est de raconter le folklore du mythe via les histoires et conseils de la mère grand au petit chaperon rouge, mais pour mettre en valeur la symbolique sexuelle du loup-garou - transformation du corps, peur des hommes, etc. - comme l'a refait depuis Ginger Snaps. Cependant, icelui fait dans la série B horrifique dynamique & sympatoche entre amis, alors que The company of wolves est dans le style conte folklorique en famille. Quoique, en famille… il reste tout de même bien sombre, et il y a au moins la scène de transformation d'un garou qui est un spectacle sympa, avec arrachage de la peau du visage et du cuir chevelu, avant la modification morphologique… Un film honnête et plutôt intéressant de fantasy dans la besace donc.

Ensuite, vu The Butcher Boy (site warnerbros), Ours d'argent à Berlin en 98.

Francie Brady est un gamin qui doit faire face à un père alcoolique et à une mère dépressive & suicidaire, qui voit comme la source de ses problèmes la bourgeoise voisine Mrs. Nugent… Ça parle de cochons, de prêtres pas très catholiques, de mille millions de millards de barres chocolatées, de bombe atomique, de poissons rouges - ça mélange la comédie et le drame autour d'un personnage qui n'a d'attache que son meilleur ami - en ce sens, il m'a fait penser à Stand by me (un film que je n'aime pas beaucoup mais que je rapproche là pour l'histoire de l'importance de l'amitié genre "frères de sang") et d'autre part à Manuel d'un jeune empoisonneur (pour l'histoire d'une personne à la morale très… personnelle, qui part en guerre contre les ploucs du monde entier). Les qualités de ce film sont dans une mise en scène qui n'arrête pas de rebondir, dans le jeu de l'acteur principal plantant sa paranoïa et sa rebellion dans le monde réel, avec un ton de comédie ou d'humour noir, parlé ou en voix off, et par dessus ça, la musique soutient bien certaines scènes. Qualité d'originalité aussi, et au final, un film qui se laisse vraiment bien voir.


Silencio LXXXI

… … … … …
… … … … … … …
… … … … …

Karl Dubost, Haïku du non-dit


Hal Hartley

Trois films de Hal Hartley. Il y a quelques années, j'avais vu Trust. Cette nuit, j'ai revu The Book of Life puis Surviving Desire. J'aime les trois.

Je ne saurais pas exactement dire pourquoi Trust m'avait laissé une si bonne impression, mais c'est sans doute pour les même raisons que j'ai aimé les deux autres : un mélange très réussi entre le ton du réalisateur et son écriture pleine d'esprit, aux dialogues qui touchent et qui sont portés par les acteurs comme des gants. L'histoire est celle d'une adolescente qui quitte l'école et se retrouve enceinte et à la rue - et tombe sur un ingénieur un peu bizarre. Une histoire de relation humaine, une qui laisse une durable impression même s'il me manque des souvenirs détaillés (envie de le revoir pour retrouver les détails, d'ailleurs).

The Book of Life est un film plutôt court et sans trop de budget, qui a été fait dans le cadre de "2000 vu par…" différent réalisateurs. On se retrouve donc le 31 décembre 1999, et il appert que c'est le temps venu d'Armageddon… Les personnages qu'on suit sont Satan tapant la causette dans un bar, et Jésus venu briser les septs sceaux, accompagné de Magdalène (P.J.Harvey) - sur le point d'ouvrir le livre de la vie, pour juger les vivants et les morts. Pas besoin d'une débauche de moyens : des dialogues, des acteurs, une atmosphère - voilà qui me convient. Le style ne fait pas l'unanimité pour autant, mais cela vaut vraiment la peine de tester pour en goûter la sympathique originalité.

Surviving Desire aussi est un film court, mais l'économie de temps accentue encore le sentiment qu'il n'y a rien à jeter dans ce film. Il y a des instants qui se démarquent comme encore meilleurs (notamment certaines reparties ou bien la petite chorégraphie à trois) mais à partir du moment où l'on aime le style, tout est bon. Il s'agit d'une histoire de professeur et d'élève, de prof qui tombe amoureux d'une élève, de ça et de rôles secondaires épatants, et des échanges entre les personnages, qui font tout le film.

En bref, Hal Hartley, c'est du bon, et j'ai envie d'en voir d'autres.


Silencio LXXX

- Tu sais, toi, pourquoi Jean Berbek s'est arrêté de parler ? lui demanda-t-il
- C'est une des nombreuses choses qu'il n'a jamais dites.

Alessandro Baricco, Soie


Yet another happy new year

Pour mémoire du 2003.12.31 :

  • Mon animal-totem en pâte-à-modeler est l'Ours
  • Faisez pas chier les pigeons, culinairement
  • Je n'aurais pas du troquer ma Culture contre un Nain de jardin
  • Il est étrange de commencer l'année frais et dispo. Le 1er de l'an avait pris l'habitude d'être synonyme de tête en vrac.

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