Post

2PKD

Lus cette semaine deux P.K.Dick mineurs :

Le guérisseur de cathédrales - À la suite d'un recrutement musclé, Joe, guérisseur de porcelaine, se retrouve embarqué avec une escouade de gens aux talents divers dans une entreprise prophétique conduite par une sorte de divinité aqua-chtonienne ; il s'échappe d'une terre totalitaire en étant un looser, pour se retrouver ensuite leader, voire Messie, confronté au choix d'aider ou de contrarier l'entreprise d'un vieux dieu mi-lovecraftien mi-paternaliste… À la fin, Joe se retrouvera confronté à son choix, mais d'une façon beaucoup plus humaine que grandiloquente… Dépaysant et avec un souffle d'existentialisme, je rapproche Galactic Pot-Healer (le titre en vo) de cet autre livre fini récemment : Damiers imaginaires, de l'inclassable Emmanuel Jouanne, encore plus ovni - mythes incontrôlables, solitudes définitives, deux hommes ordinaires jetés dans des voyages qu'ils ne désiraient pas dit la 4e de couv…

Le bal des schizos - En recyclant leur affaire de vente de piano et orgue électronique dans l'optique de reconstituer la guerre de Sécession avec des robots quasi-humains, Louis et Maury vont certainement pimenter leur routine, et bientôt seront rejoint dans l'aventure par Pris, une jeune schizoïde, Sam, un millionnaire en immobilier lunaire ou encore un Lincoln mélancolique accroc aux livres pour enfants… L'aspect SF du livre (la construction de simulacres, même thème que Blade Runner) m'a semblé négigeable par rapport aux relations entre la poignée de personnage. Conflits, amour/haine, jeux économico-juridiques, trahisons, famille, folie… La psychologie des personnages vaut la peine de passer sur les faiblesses du livre. L'intrigue bondissante du roman débouche sur une histoire d'amour triste… Ci-dessous la citation d'un tout petit bout de la relation très changeante entre Louis et Pris, ça manque de contexte, mais j'avais envie :

Pris
C'est le premier pas d'une délicieuse intimité ?
Louis
Je vais te faire faire connaissance avec l'indicible.
Pris
Tout ce que je veux, c'est être à même d'en parler, pas être obligé de le faire. Mais bien entendu, tu plaisantes ; on va s'asseoir l'un à côté de l'autre, et puis je rentrerai chez moi. C'est le mieux pour nous deux ; en fait, c'est le seul choix qu'il nous reste.

Nous entrâmes dans la petite chambre obscure du motel ; j'allumai la lumière, puis le chauffage, et enfin la télé.

Pris
C'est pour qu'on ne nous entende pas haleter ? (Elle éteignit la télé.) J'halète très doucement ; et ce n'est pas nécessaire. (Elle ôta son manteau et le tint en l'air jusqu'à ce que je le prenne pour le pendre dans le placard.) […] Qu'est-ce que je dois enlever d'autre ? Mes chaussures ? Mes vêtements ? Ou bien préfères-tu le faire ? Dans ce cas là, ma jupe n'a pas de fermeture éclair ; il faut défaire des boutons, et fais attention de ne pas tirer trop fort, sinon le bouton du haut va lâcher et il faudra le recoudre. (Elle se tourna pour me montrer) Les boutons sont là, sur le côté.
Louis
Tout ceci est très instructif, mais pas très éclairant.
[…]
Pris
[…] je n'arrive pas à te comprendre ; par moments, tu ressembles à un bébé qui a été préservé de la vie.
Louis
Ce que j'ai fait, c'est que j'ai pioché çà et là des petits bouts de réalité et que j'ai appris à les connaîtres, un peu comme un mouton qui a appris un chemin dans un pâturage et qui n'en dévie jamais.
Pris
Et tu te sens en sécurité gràce à ça ?
Louis
Je me sens en sécurité la plupart du temps, mais jamais quand je suis près de toi. (Elle hocha la tête)
Pris
Pour toi, je suis le pâturage.
Louis
C'est assez ça.
Pris
(Éclatant tout à coup de rire) C'est comme si Shakespeare me faisait la cour. Louis, tu peux me dire que tu vas moissonner, brouter, paître parmi mes collines et mes vallées charmantes, et surtout mes prairies divinement boisées, tu ais, là où les fougères et les herbes parfumées ondulent à profusion. Je n'ai pas besoin de te faire un dessin, si ? (Ses yeux lançaient des éclairs) Maintenant, pour l'amour de Dieu, enlève-moi mes vêtements, ou essaie, au moins.

Commentaires

Ajouter un commentaire :

Cookie ?