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Il y a plus d'une façon de brûler un livre.

Enfin lu Fahrenheit 451 de Bradbury (merci Guernica). Comme le dit la première phrase de la préface, Aujourd'hui, on ne brûle plus les livres. En disant cela, Jacques Chambon (qui a actualisé la traduction du livre par Henri Robillot) ne dit pas que Fahrenheit 451 est obsolète, il dit exactement le contraire. Les "pompiers" de Bradbury ne sont d'ailleurs là que pour l'appart et pour s'occuper des quelques uns à avoir encore des livres, car le travail a été fait en amont : il suffisait d'enlever l'attrait de la lecture, et alors les livres brûlent d'eux-même.

Enlever la lecture chez les gens ? Il suffit de niveler la production par le bas, noyer le marché avec des produits préformatés… Qu'observe-t-on aujourd'hui ? les majors du disque avec des produits standards, effrayés qu'il puisse y avoir un accès à la diversité, qui permet la comparaison avec la pauvreté de l'industrie culturelle (disques, livres… peu importe, ils ne sont que les conteneurs d'autre chose plus important). Enlever la possibilité de travailler à une partie des intermittents n'est pas si grave tant qu'il reste ceux de la télévision - les autres ne concernant de toute façon qu'une part minoritaire du marché, une part moins facile à standardiser qui plus est… Quand on se retrouve malgré tout avec un livre dérangeant sur les étals, un qui n'ait pas été suffisament recouvert par la masse sans danger, alors il reste tjs la possibilité d'envoyer les pompiers : faire un procès à l'éditeur, à l'auteur… Et s'il y a du temps-libre, tenter de faire passer des choses comme l'interdiction de la pornographie à la télévision, qui doit tendre, n'est-ce pas, à être un médium de qualité et d'épanouissement intellectuel…

On est à des années-lumières de voir un monde où les livres sont interdits - mais perdre le goût de la lecture, c'est inventer la téléportation dans ce monde-là.

PS: Fahrenheit 451++ : Pourquoi ne pas écrire une suite à Fahrenheit 451 dans laquelle tous les grands livres mémorisés par les Hommes des collines seraient finalement imprimés tels qu'ils auraient été retenus. Qu'arriverait-il alors ? [via La Feuille]

Commentaires

Cette phrase m'a aussi frappé. Et je trouvais l'idée excellente. Mais c'est un peu difficile de ne pas céder à la tentation de se reporter à l'édition papier.

Alors j'ai pensé à une autre idée. Si un groupe de personnes essayait de ré-écrire certains des contes les plus classiques, comme les contes de Grimm ? Il y en a eu tellement de version, anciennes et récentes... Et en paralèlle, il serait possible d'en faire une version modernisée, dans laquelle les références culturelles seraient actualisées. Par exemple le petit chaperon rouge habiterai à Sarcelle et apporterait du pain et du lait (?) à sa grand mère qui habite dans une maison dans la commune d'à coté.

Une fois bien établie, la version classique pourrait être donnée au projet Gutenber, la version moderne, mise dans le domaine publique.

Un wiki peut accueillir un tel projet. Si ce projet prend corps, j'ai un wiki disponible pour lui.

François Granger @ février 28, 2004 12:48 PM

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