Incipio
En plus d'être un tricheur, je suis un voleur d'idée : reconnaitrez vous les incipits suivants ?
- The sky above the port was the color of televison, tuned to a dead channel.
- ça commençait à se dissiper, mais après ce qui me parut une éternité. J'essayai de remuer les orteils. J'y réussis. J'étais sur un lit d'hôpital, les jambes dans le plâtre. C'étaient bien mes jambes. Je fermai les yeux avec force et je les rouvris. Trois fois. La chambre reprit son aplomb. Où diable étais-je ?
- Ce sont les dernières choses, a-t-elle écrit. L'une après l'autre elle s'évanouissent et ne reparaissent jamais. Je peux te parler de celles que j'ai vues, de celles qui ne sont plus, mais je crains de ne pas avoir le temps. Tout se passe trop vite, à présent, et je ne peux plus suivre.
- L'oeil, d'abord, glisserait sur la moquette grise d'un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivres luiraient. Trois gravures, représentant l'une Thunderbird, vainqueur à Epsom, l'autre un navire à aubes, le Ville-de-Montereau, la troisième une locomotive de Stephenson, méneraient à une tenture de cuir, retenue pas de gros anneaux de bois noir veiné, et qu'un simple geste suffirait à faire glisser. La moquette, alors, laisserait place à un parquet presque jaune, que trois tapis aux couleurs éteintes recouvriraient partiellement.
- Ma mère m'avait demandé de ne jamais mourir avant elle. Je le lui avait promis, et mes envies de m'engloutir en me jetant un soir d'hiver dans la Seine ou dans l'écume d'une quelconque côte sauvage s'étaient transformées en regards frileux vers les surfaces des eaux, limites entre la vie et la mort, portes interdites pour cause de promesse filiale.
- Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C'est son histoire qu'il s'agit de raconter ici.
- Je suis né du pied gauche. Chaque matin, je m'en souviens. Aujourd'hui, mais c'était comme hier, les éboueurs m'ont naturellement éveillé à l'aube. J'ai battu des paupières prendant quelques instants puis je me suis levé. Les arbres étaient fragiles, le ciel rose craie. Je n'avais pas envie de peindre. Une lumière blanche et mate ternissait les dessins tracés dans la nuit : un oeil de face, un oeil de profil, un oeil en coupe.
- La femme appuya sur le ventre du bébé et prit le petit sexe dans sa bouche. Il était plus fin que les cigarettes américaines mentholées qu'elle fumait d'ordinaire, et avait un goût de poisson cru.
- Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul.
- Il était une fois un jeune homme qui voulait conquérir l'Élue de son Coeur. Quoique, à en croire semblable introduction, il n'y ait guère là de quoi faire un roman (toutes les histoires de tous les jeunes gens qui furent et seront pourraient commencer de la même façon), ce jeune homme-là et ce qui lui arriva - lui-même, d'ailleurs, ne le sut jamais vraiment - sortent suffisamment de l'ordinaire pour mériter, le premier, d'être le héros et, le second, l'intrigue de notre histoire.
- Le ciel sans aucun nuage, parfaitement bleu et lumineux, confère au monde une stabilité soudaine. À première vue, il donne l'impression que le temps ne passe plus et qu'une telle limpidité, à la mesure de l'infini, nous protège de tout désordre.
- On the far western shore of a northern continent there was once a harbour city called Seattle. It did not have much of a reputation for sunshine and beaches, but it did have plenty of rain, and the folk who lived there were wont to call it 'The Emerald City' for the greenness of its foliage. And the other thing it boasted was a great friendliness that fell upon strangers like its rain, but with more warmth. In that city, there dwelt a wizard.
- Je glissai le fusil dans le sac Adidas, planqué sous quatre paires de chaussettes de tennis pour caler, pas du tout mon style, mais c'était le but visé : si on vous croit primaire, faites dans le technique ; si on vous croit technique, donnez dans le primaire. Moi, je suis du genre hypertechnique.
La prochaine fois, on passe aux explicits ?
Commentaires
Un jeu ? Chouette, j'adore les jeux ! Bon j'en ai reconnu que deux sans l'ombre d'une hésitation, alors :)
"Au XVIIIe siècle vécut en France un..." Le Parfum, Suskind.
"La femme appuya sur le ventre du bébé" Les bébés de la consigne automatique, Muryaki bidule (sais plus, flemme de chercher)
Zut, suis frustrée, que deux, honte sur moi ;à
Zut, Je me suis aussi fait grillée : ce sont les deux seuls que j'ai reconnus aussi !
En trichant ça donne
1 neuromancer de William Gibson
2 ?
3 Le voyage d'Anna Blume de Paul Auster
4 Les choses de Georges Pérec
5 ?
7 ?
9 mars de Fritz Zorn
après, plus rien trouvé... Tu t'es plutôt bien débrouiller pour éviter la tricherie.
Je t'en referrai un, tu verras, tu pourras pas tricher non plus et tu vas pleurer mon gars tellement il sera dur !
"The sky above the [...]" Neuromancer, W. Gibson
"Ca commencait [...]" EntreFER, Iain Banks ???
"L'oeil d'abord glisserai [...]" Les Choses, G. Perec
"Je suis jeune [...]" Mars, Zorn
"Il etait une fois un jeune homme [...]" Stardust, N. Gaiman
"Je glissai le fusil [...]" Johnny Mnemonic, W. Gibson
ou pas ...
Le n°2, c'est pas les Princes d'Ambre ?
Le 4, je savais que je connaissais, mais je n'arrivais pas à mettre la main sur Perec. Merci lb.
Peut-être pour les Neufs Princes d'Ambre ...
"On the far western shore of a nothern [...]" The Wizard Of The Pigeons, M. Lindholm ???
c'est malin les deux que j'avais trouvés ont deja été trouvés : Stardust et les bébés de la consigne automatique
:/
Le premier est Neuromancer de Gibson.
Pour le reste... je suis pas une tricheuse moi ;)
Arg, pour Le voyage d'Anna Blume j'ai honte, je l'ai lu hier... ouille ouille ouille.
(désolé de n'avoir pas mis les numéros plus tôt, une bourde dans ma feuille de style) Bravo pour les réponses :)
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Le numéro 2 est des Princes d'Ambres, et la 12 est bien de Wizard of the Pigeons de Megan Lindholm.
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Restent donc les 5, 7 et 11. Trois auteurs français contemporains: YS, DF et NB...
lb, sur IRC: (5) La Derive des Sentiments, Yves Simon / (7) Les adieux, Dan Franck
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plus que la (11) donc !
11. La vie de Galilée, de Brecht ?
Je l'ai lu il y a trop longtemps pour m'en souvenir avec certitude, mais ça m'a l'air plausible (dit-elle, prêchant pour sa paroisse) :o)
11. Les Corps Celestes, N. Brehal
bingo!
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