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Silencio XXXI

« Sur motion votée à l'unanimité, le Chancelier ouvrit les débats… et ce fut le silence, un silence muet et sourd qui partu essentiellement donner le ton à la discussion qui suivit. Le ministre de l'intérieur, le premier, demanda la parole ; dès qu'il l'eut obtenue, il entreprit de se taire et se tut tout au long de son long discours ; puis il se rassit. Ce fut ensuite au ministre de la Cour de prendre la parole ; cependant, dès qu'elle lui fut donnée, il se leva lui aussi de son siègeet tut très exactement tout ce qu'il avait à dire, puis il se rassit. Prenant successivement leur tour, l'un puis l'autre des ministres présents demandait la parole, se levait, se taisait, puis se rassayait, et le silence, l'obstiné silence du Grand Conseil, décuplé encore par le silence intrinsèque des portraits et celui des murs, ne faisait que croître en puissance. Se mouraient les chandelles. Passaient les heures. Imperturbable, le Chancelier présidait au silence. »

Witold Gombrovicz, Le banquet

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